• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Conserver la nature humaine et non humaine. Un curieux cas de conservation conviviale au Brésil

Jonathan DeVore, Eric Hirsch, Susan Paulson

Abstract/Resumen

Conserving Human and Other Nature: A Curious Case of Convivial Conservation From Brazil

This article supports a concept of “convivial conservation”, here conceived as “efforts to establish vital interdependencies between humans and ecosystems, toward the mutual regeneration of both”. Building from ethnographic research, we have carried out among subaltern Latin American communities, indigenous and otherwise, we focus on rural Brazilian squatter communities that arose in the 1990s in opposition to plantation economies that have degraded both human and non-human life. In discourses and writings of conservation and environment workers, members of such non-indigenous squatter communities are sometimes marked as ignorant, if not hostile, adversaries of nature, and their reliance upon slash-and-burn techniques condemned as destructive. As these families redress long-standing distributive injustices that have injured their lives, we find novel commitments to conserving nature, as expressed through squatters’ efforts to cultivate native tree species within their agroforests. These non-utilitarian commitments to conserve native trees defy presuppositions of an ideological field informing various approaches to nature conservation—whether “fortress,” “participatory,” or “development”-directed—which variously renders different human populations into either quasi-natural “guardians” or “enemies” of nature. Seeking to move beyond this ideological field, we examine possibilities of nature conservation outside of formal conservation areas. We argue that redressing long-standing distributive injustices can foster human practices that jointly reproduce sociocultural and biophysical processes.

Keywords: DeVore, Hirsch, Paulson, conservation, native trees, multi-species ethnography, agriculture, slash-and-burn, Brazil

 

Conservar la naturaleza humana y no humana: un curioso caso de conservación convivial en Brasil

Este articulo postula un concepto de «conservación convivial», que concebido como «un esfuerzo destinado a establecer interdependencias vitales entre los seres humanos y los ecosistemas, con miras de su regeneración mutua». Apoyándonos en las investigaciones etnográficas que hemos realizado en comunidades latinoamericanas subalternas, autóctonas y otras, nos concentramos en las comunidades rurales de ocupantes sin titulo brasileñas surgidas durante los años 1990, en contra de economías de plantación que han deteriorado la vida humana y no humana. En los discursos y los escritos de los trabajadores de la conservación y del medio ambiente, los miembros de dichas comunidades de ocupantes sin título no autóctonos a veces son calificados de enemigos ignorantes, incluso hostiles a la naturaleza y al empleo de la técnica agrícola de corta y quema, impugnada por ser considera como destructiva. Mientras que dichas familias remedian viejas injusticias que han perjudicado su existencia, descubrimos nuevos compromisos favorables a la conservación de la naturaleza, como las acciones de los ocupantes sin título para cultivar especies de árboles indígenas en sus agro-bosques. Dichas acciones no utilitarias para la conservación de los árboles indígenas constituyen un reto para los planteamientos de la conservación de la naturaleza, ya sean fortificados, participativos u orientados hacia el desarrollo, que convierten diferentes poblaciones humanas en custodios casi naturales o enemigos de la naturaleza. Tratando de ir más allá del terreno ideológico, examinamos las posibilidades de conservación de la naturaleza al exterior de las zonas de conservación oficiales. Sostenemos que la reparación de injusticia distributivas ancestrales puede favorecer acciones humanas que reproducen conjuntamente procesos sociales y biofísicos.

Palabras clave : DeVore, Hirsch, Paulson, conservación, árboles indígenas, etnografía  multi-especies, agricultura, corta y quema, Brasil

Résumé

Cet article défend un concept de « conservation conviviale », conçu ici comme « un effort visant à établir des interdépendances vitales entre les humains et les écosystèmes, en vue de leur régénération mutuelle ». En nous appuyant sur des recherches ethnographiques que nous avons menées auprès de communautés subalternes d’Amérique latine, autochtones ou non, nous nous concentrons sur les communautés rurales brésiliennes de squatters apparues dans les années 1990 en opposition aux économies de plantation qui ont provoqué la dégradation de la vie humaine et non humaine. Dans les discours et les écrits des travailleurs de la conservation et de l’environnement, les membres de ces communautés de squatters non autochtones sont parfois dépeints comme des adversaires ignorants — voire hostiles — de la nature, et leur recours à la culture sur brûlis est condamné comme étant destructeur. Alors que ces familles tentent de remédier à des injustices distributives de longue date qui leur ont porté préjudice, nous découvrons de nouveaux engagements en faveur de la conservation de la nature, tels que les efforts des squatters pour cultiver des espèces d’arbres autochtones dans leurs agroforêts. Ces engagements non utilitaires pour la conservation des arbres autochtones défient les présupposés d’un courant idéologique qui alimente diverses approches de la conservation de la nature — qu’il s’agisse de la « sanctuarisation de la nature », que ces approches soient « participatives » ou axées sur le « développement » — qui font de différentes populations humaines des « gardiennes » quasi naturels ou des « ennemies » de la nature. Cherchant à aller au-delà de ce courant idéologique, nous examinons les possibilités de conservation de la nature en dehors des zones de conservation officielles. Nous soutenons que la réparation des injustices distributives de longue date peut favoriser des pratiques humaines qui reproduisent conjointement des processus socioculturels et biophysiques.

Mots clés

DeVore, Hirsch, Paulson, conservation, arbres autochtones, ethnographie multiespèces, agriculture, culture sur brûlis, Brésil

Pour citer cet article

Jonathan DeVore, Eric Hirsch et Susan Paulson, "Conserver la nature humaine et non humaine. Un curieux cas de conservation conviviale au Brésil", Anthropologie et Sociétés, vol. 43, no 3, 2019 : 31-58

Repenser la conservation de la nature
Volume 43, numéro 3
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Couverture : Repenser la conservation de la nature