• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Des refuges pour victimes de traite aux usines. L’empowerment des femmes comme mise au travail peu rémunéré sur le marché mondialisé

Abstract/Resumen

Abstract

In anti-trafficking programmes as well as in academic discussions, the issue of labour exploitation is often overshadowed by that of sexual exploitation and the migration movement. Based on a study in Laos, the paper argues that the anti-trafficking sector does not only produce discourses and policies that ignore (non-sexual) labour exploitation, but also contributes to it through rehabilitation programs for victims of trafficking. The ethnography of shelters for trafficked persons suggests that this sector actively feeds the recruitment channels of low-paid female workers in a globalized labour market. Partnerships established both to secure funding and to demonstrate the success of its empowerment programmes contribute to the stabilization of a proletarian feminized workforce in the precision production sector. Questioning the singularity of the reintegration programmes of former trafficking victims into factory workshops with regard to international policies of reintegration of former trafficking victims, the article shows that the anti-trafficking sector contributes to a gendered international division of labour.

Keywords: Miramond, victims of trafficking, labour exploitation, shelters, factories, women, Laos, Thailand, South-East Asia

Resumen

En los programas de lucha contra la trata de personas como en las discusiones académicas, la cuestión de la explotación del trabajo ha sido frecuentemente eclipsada por la de la explotación sexual y la del movimiento migratorio. A partir de un estudio realizado en Laos, este artículo sostiene la idea según la cual el sector de la anti-trata no se limita a la producción de discursos y de políticas pasando por alto la explotación del trabajo (no sexual), sino que contribuye a través de programas de rehabilitación de las víctimas de la trata. La etnografía de refugios para víctimas de la trata permite afirmar que dicho sector alimenta activamente los circuitos de reclutamiento de trabajadoras mal pagadas en el mercado de trabajo globalizado. Las asociaciones fundadas tanto para asegurar su financiamiento como para demostrar el éxito de sus programas de empoderamiento contribuyen a la estabilización de una mano de obra proletaria feminizada en el sector de la producción de precisión. Interrogando la singularidad de los programas de reinserción de ex víctimas de la trata de personas hacia los talleres de las fábricas con respecto a las políticas internacionales de reintegración de las antiguas víctimas de la trata, este artículo demuestra que el sector anti-trata contribuye a una división internacional del trabajo socio-sexuada.

Palabras clave: Miramond, víctimas de la trata de personas, explotación del trabajo, fábricas, mujeres, Laos, Tailandia, Sudeste de Asia

Résumé

Dans les programmes de lutte contre la traite humaine comme dans les discussions académiques, la question de l’exploitation du travail est souvent éclipsée par celle de l’exploitation sexuelle et du mouvement migratoire. À partir d’une étude menée au Laos, l’article défend l’idée selon laquelle le secteur anti-traite ne se limite pas à la production de discours et de politiques passant sous silence l’exploitation du travail (non sexuel), mais y contribue par le biais des programmes de réhabilitation pour victimes de traite. L’ethnographie de refuges pour victimes de traite permet d’affirmer que ce secteur alimente activement les circuits de recrutement de travailleuses peu rémunérées sur un marché du travail mondialisé. Les partenariats établis tant pour sécuriser ses financements que pour démontrer la réussite de ses programmes d’empowerment contribuent à la stabilisation d’une main-d’oeuvre prolétaire féminisée dans le secteur de la production de précision. Questionnant la singularité des programmes de réinsertion d’anciennes victimes de traite vers des ateliers d’usine au regard des politiques internationales de réintégration d’anciennes victimes de traite, l’article montre que le secteur anti-traite contribue à une division internationale du travail sociosexuée.

Mots clés : Miramond, victimes de traite, exploitation du travail, refuges, usines, femmes, Laos, Thaïlande, Asie du Sud-Est

Pour citer cet article

Estelle Miramond, « Des refuges pour victimes de traite aux usines. L’empowerment des femmes comme mise au travail peu rémunéré sur le marché mondialisé », Anthropologie et Sociétés, vol. 47, no 1, 2023 : 67-86.

Anthropologie politique du travail
Volume 47, numéro 1
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Couverture 47-1