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Devenir « demi » en Polynésie française. Les enjeux de l’ethnicité, du statut socioéconomique et du genre

Abstract/Resumen

Becoming "Demi" in French Polynesia. The Role of Ethnicity,
Socioeconomic Status and Gender

Based on doctoral research and interviews conducted between 2004 and 2007 with fifty-four people in "mixed" ("Mainlander"-"Polynesian") couples in Tahiti and Moorea, this article analyzes the social uses of the category of ethnic mixing : "Demi". French Polynesia having been the site of intercontinental migrations and ethnic mixing for 200 years, Michel Panoff (1989) estimated that "unmixed" Polynesians no longer existed. Other authors advance that the "Demis" represent purely a social class (Rallu et al. 1997). In this context, what symbolic criteria are employed to distinguish the category "Demi" from other ethnic categories in contemporary French Polynesia ? The historical genesis of this category predicts, in its contemporary use, the strong link with socioeconomic status. Yet the results of this work indicate another factor which weighs on ethnic categorization: gender. Although the ambiguity of social distinctions between "Polynesians" and "Demis" rely entirely upon the use of socioeconomic status symbols in a capitalistic and Western value-system, the distinction only becomes salient for men. This article shall consider these dynamic modes of categorization and distinction between ethnic categories which mobilize both socioeconomic status and gender.

Keywords: Schuft, Intermixing, French Polynesia, Ethnicity, Gender, Social Status, Intersectionality

Volverse «medio » en Polinesia francesa
Los retos de la etnicidad, del estatus socioeconómico y del género

Basado en un trabajo de doctorado realizado entre 2004 y 2007 entre 54 personas en pareja « mixta » (« metropolitano »-« polinesio ») en Tahití y en Moorea, este artículo propone el análisis de la utilización social de la categoría de mestizaje « medio ». La Polinesia francesa es un lugar de mestizajes transcontinentales desde hace 200 años. Miches Panoff (1989) había calculado que de hecho ya no existen Polinesios no mestizados. Otros autores afirman que los « Medios » constituyen una clase social (Rallu et al. 1997). En ese contexto, ¿ cuáles son los criterios simbólicos empleados para diferenciar la categoría de « medio » de las demás membrecías étnicas de la sociedad tahitiana contemporánea ? La génesis histórica de dicha categoría predice, en su uso contemporáneo, una relación fuerte con el estatus socioeconómico de las personas. Ahora bien, los resultados del presente trabajo señalan otro factor que influye la categorización étnica : el género. En efecto, si toda la ambigüedad de las distinciones sociales entre « Polinesio » y « Medio » se funda en la fijación de símbolos de estatus socioeconómicos en el sistema de valores capitalistas y occidentales, la distinción se vuelve remarcable entre los hombres. Este artículo analiza las modalidades dinámicas de categorización y de distinción entre apelaciones étnicas que movilizan tanto los estatus socioeconómicos que el género.

Palabras clave : Schuft, mestizaje, Polinesia francesa, etnicidad, genero, estatus social, intersectorialidad

Résumé

Basé sur un travail doctoral mené entre 2004 et 2007 auprès de 54 personnes en couple dit  « mixte » (« métropolitain »-« polynésien ») à Tahiti et à Moorea, cet article propose une analyse des usages sociaux de la catégorie de métissage : « demi ». La Polynésie française étant lieu de métissages transcontinentaux depuis 200 ans, Michel Panoff (1989) avait estimé qu’il n’existerait plus de Polynésiens non-métissés de fait. D’autres auteurs affirment que les « Demis » ne constituent qu’une classe sociale (Rallu et al. 1997). Dans ce contexte, quels critères symboliques sont employés pour démarquer la catégorie de « Demi » des autres appartenances ethniques de la société tahitienne contemporaine? La genèse historique de cette catégorie prédit, dans son usage contemporain, le lien fort avec les statuts socioéconomiques des personnes. Or, les résultats de ce travail indiquent un autre facteur qui pèse sur la catégorisation ethnique : le genre. En effet, si toute l’ambigüité des distinctions sociales entre « Polynésien » et « Demi » repose sur l’affichage de symboles de statuts socioéconomiques dans le système de valeurs capitalistes et occidentales, la distinction devient saillante chez les hommes. Cet article se penche sur ces modalités dynamiques de catégorisation et de distinction entre appellations ethniques qui mobilisent autant les statuts socioéconomiques que le genre.

Mots clés

Schuft, métissage, Polynésie française, ethnicité, genre, statut social, intersectionnalité

Pour citer cet article

Laura Schuft, « Devenir "demi" en Polynésie française. Les enjeux de l’ethnicité, du statut socioéconomique et du genre », Anthropologie et Sociétés, vol. 38, no 2, 2014 : 67-88

Le Métis comme catégorie sociale. Revendications, agencéité et enjeux politiques
Volume 38, numéro 2
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Couverture : Le Métis comme catégorie sociale. Revendications, agencéité et enjeux politiques