• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Écrire sur Facebook, ou les sentiers de la reconnaissance (note de recherche)

Myriam Achour Kallel

Abstract/Resumen

To Write on Facebook or the Trails of Recognition (Research Note)

In Tunisia, the graphical-political order is clear: the Arabic language, the sole language recognized by the Constitution, is expressed by the Arab alphabet, the French one by the Latin alphabet, numbers are used to express quantities, and written Tunisian has no official visibility. By contrast, the writings of statutes on Facebook challenge these arrangements. I propose to understand these writings as expressions of horizontal citizenship initiating a process of recognizing a language that has no official visibility. From a linguistic anthropological viewpoint, Facebook becomes a space for questioning the role of the state in its definition of a scriptural form of citizenship. Finally, I argue that recognition processes are not necessarily supported by explicit claims. They can rather take place in a relatively banal and informal way.

Keywords: Achour Kallel, Citizenship, Facebook, Language, Linguistic Anthropology, Recognition, Tunisia, Writing

Escribir en Facebook, o los senderos del reconocimiento (nota de investigación)

En Túnez, el orden político-gráfico es claro: la lengua árabe, la única lengua reconocida en la Constitución, se expresa a través del alfabeto árabe, el francés a través del alfabeto latino, las cifras sirven para expresar las dimensiones y el tunicio no tiene visibilidad en lo escrito. Las escrituras de los Estatutos sobre Facebook, en cambio, desafían ese orden. Los límites de dichos usos son inciertos, las grafías están mescladas, las disposiciones revisadas y el tunicio escrito aparece, se extiende y se normaliza. Propongo comprender esas escrituras como expresiones de una ciudadanía horizontal que suscita un proceso de reconocimiento de una lengua que no ha tenido visibilidad oficial a nivel de lo escrito. Facebook deviene así un espacio de cuestionamiento del rol del Estado en su definición de una forma escrituraria ciudadana. Sostengo que los procesos de reconocimiento no están necesariamente apuntalados por las luchas y las reivindicaciones pero que pueden desarrollarse de manera relativamente banal e informal.

Palabras clave : Achour Kallel, antropología del lenguaje, ciudadanía, escrituras, Facebook, lengua, reconocimiento, Túnez

Résumé

En Tunisie, l’ordre politico-graphique est clair: la langue arabe, seule langue reconnue dans la Constitution, s’exprime par l’alphabet arabe, le français par l’alphabet latin, les chiffres servent à exprimer des grandeurs et le tunisien n’a pas de visibilité officielle à l’écrit. Les écritures des Statuts sur Facebook, en revanche, défient ces arrangements. Les limites de ces usages y sont lâches, les graphies emmêlées, les arrangements révisés et le tunisien écrit apparaît, se répand et se normalise. Je propose de comprendre ces écritures comme des expressions d’une citoyenneté horizontale engageant un processus de reconnaissance d’une langue qui n’a pas de visibilité officielle à l’écrit. Facebook devient ainsi un espace de remise en question du rôle de l’État dans sa définition d’une forme scripturaire de citoyenneté. Je soutiens, enfin, que les processus de reconnaissance ne sont pas nécessairement étayés par des pratiques de luttes et de revendications mais qu’ils peuvent se dérouler de manière relativement banale et informelle.

Mots clés

Achour Kallel, anthropologie du langage, citoyenneté, écritures, Facebook, langue, reconnaissance, Tunisie

Pour citer cet article

Myriam Achour Kallel, « Écrire sur Facebook, ou les sentiers de la reconnaissance (note de recherche) », Anthropologie et Sociétés, vol. 40, no 1, 2016 : 85-102

Reconnaissance et stratégies médiatiques
Volume 40, numéro 1
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Couverture : Reconnaissance et stratégies médiatiques