• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Faut-il avoir peur de l’ethnicité? Le cas français

Abstract/Resumen

Should We Fear Ethnicity ?
The French Case

This article proposes an in-depth look at the notion of ethnicity, using as a starting point its definitions and usage in an international university context and how it has come into play in current issues of recognition and social justice. It explores the negative reception and the adverse connotation of the idea of ethnicity in French social science output and in national civil debates, where ethnicity is interpreted as being a red herring that diverts attention from the real mechanisms of domination at work in different societies, and at the same time as potentially in competition with the system of interpretation and the players involved in this domination. Using the debate over ethnic statistics and discrimination in France as an example, the article considers the possibility of using a policy of recognition which would allow individuals to participate in the construction of collective identities by taking into account their "felt experience". The article shows that if individuals construct the boundaries of their own identity and that of others, their chances of proposing – or contributing to – definitions of these situations are of course relative to the position they occupy in social relationships. Access to the construction of these collective labels could hence constitute a new and contemporary source of social justice. The article concludes by looking at ethnicity as a practical category which can contribute to a theory of action on the role of identity and culture in constructing social relationships.

Keywords: Zoïa, Ethnicity, Culture, Public Policies

¿Hay que temer la etnicidad ? El caso francés

Este artículo propone profundizar la noción de etnicidad a partir de sus definiciones y usos en el campo universitario internacional y de su utilización en las cuestiones contemporáneas de reconocimiento y justicia social. Explora la recepción y la carga negativas del concepto de etnicidad en la producción francesa en ciencias sociales y en los debates que animan a la sociedad civil. Muestra que la etnicidad es percibida como un señuelo eficaz para ocultar los verdaderos mecanismos de dominación operantes en las sociedades y que está en competencia con el sistema de interpretación y los actores congregados en torno a dicha dominación. A partir del ejemplo del debate sobre las estadísticas étnicas en contra de las discriminaciones en Francia, considera el recurso a una política del reconocimiento que permitiría a los individuos de participar a la construcción de las identidades colectivas a través de la toma en consideración de lo que « resienten ». Muestra que si los individuos construyen las fronteras de sus identidades y las de los otros, sus oportunidades para propone – o contribuir a – las definiciones de las situaciones están evidentemente relacionadas con las posiciones que ocupan en las relaciones sociales. En consecuencia, el acceso a la construcción del etiquetaje colectivo puede constituir una fuente nueva y contemporánea de justicia social. En conclusión, el artículo interroga la etnicidad en tanto que categoría práctica que puede contribuir a una teoría de la acción sobre el rol de la identidad y de la cultura en la construcción de las relaciones sociales.

Palabras clave : Zoïa, etnicidad, cultura, políticas públicas

Résumé

Cet article propose un approfondissement de la notion d’ethnicité à partir de ses définitions et usages dans le champ universitaire international ainsi que de sa mise en jeu dans les questions contemporaines de reconnaissance et de justice sociale. Il explore la réception et la charge encore négatives du concept d’ethnicité dans la production française en sciences sociales et dans les débats animant la société civile. Il montre que l’ethnicité y est interprétée à la fois comme un leurre efficace pour détourner des véritables mécanismes de domination à l’œuvre dans les sociétés, et en concurrence potentielle avec le système d’interprétation et les acteurs organisés autour de ces dominations. À partir de l’exemple du débat sur les statistiques ethniques contre les discriminations en France, il envisage un recours à une politique de reconnaissance permettant aux individus de participer à la construction des identités collectives par la prise en compte de leur « ressenti ». Il montre que si les individus construisent les frontières de leurs identités et celles des autres, leurs opportunités à proposer des – ou de contribuer aux – définitions des situations sont fonction de la position qu’ils occupent dans les rapports sociaux. C’est l’accès à la construction de ces labels collectifs qui peut alors constituer une source nouvelle et contemporaine de justice sociale. Enfin, l’article interroge l’ethnicité comme catégorie pratique pouvant contribuer à une théorie de l’action sur le rôle de l’identité et de la culture dans la construction des rapports sociaux.

Mots clés

Zoïa, ethnicité, culture, politiques publiques

Pour citer cet article

Geneviève Zoïa, « Faut-il avoir peur de l’ethnicité? Le cas français », Anthropologie et Sociétés, vol. 34, no 2, 2010 : 199-224

Représentations et pratiques sociales de l'économie
Volume 34, numéro 2
Retour au numéro publié
Couverture : Représentations et pratiques sociales de l'économie