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Les femmes musulmanes peuvent-elles parler ?

Abstract/Resumen

Can Muslim Women Speak ?

This article is based on research led in Montreal between 2011 and 2015 with Muslim women and Muslim feminists from different backgrounds. I this research, I have been interested in understanding and situating mobilizations of Muslim women from their own point of view. By adopting a postcolonial feminist approach writing « against culture » (Abu-Lughod 1991), I explored feminist subjectivation of Muslim women in Quebec. This subjectivation provides complex discourses with no contradiction between Islam and feminism or «Orient » and «Western ». Islam is experienced as a complex set of self-techniques that structures the Muslim feminist consciousness through Islamic and anti-racist praxis. While most respondents agree that feminism is a struggle for social justice, their political orientations are diverse and non-homogeneous. However, in a context of objectification and gendered Islamophobia, Islam is experienced as an emancipatory source of self.

Keywords: Benhadjoudja, Subjectivication, Objectivation, Muslim Women, Muslim Feminism, Islam, Islamophobia, Antiracism, Postcolonial Studies

¿Pueden expresarse las mujeres musulmanas ? 

Este artículo se desprende de una investigación realizada en Montreal entre 2011 y 2015 con mujeres y feministas musulmanas de diferentes perfiles sociológicos. En un contexto en el cual se habla mucho de ellas, pero raramente con ellas, me he interesado en comprender y situar las movilizaciones militantes de mujeres y feministas musulmanas a partir de su propio punto de vista. Inscribiéndome en un planteamiento feminista postcolonial y adoptando la perspectiva de las investigadoras del interludio que escriben « contra la cultura » (Abu-Lughod 1991), propongo dar cuenta de las praxis que constituyen la subjetivación feminista musulmana en el contexto quebequense. Esta subjetivación se revela en discursos complejos en donde no se trata de elegir entre islam y feminismo ni entre «Oriente » y «Occidente ». El islam es vivido como un conjunto de tecnologías del yo que estructuran la consciencia feminista musulmana y que se traducen a través de praxis islámicas y anti-racistas. Si la mayoría de las entrevistadas coinciden en pensar el feminismo como una lucha por la justicia social, sus orientaciones políticas son plurales y no homogéneas. Dicho esto, ante la objetivación y la islamofobia de género, se trata de ver que la subjetivación feminista musulmana articula resistencias en donde el islam es vivido como una fuente del yo emancipador.

Palabras clave: Benhadjoudja, subjetivación, objetivación, mujeres musulmanas, feminismo musulmán, islam, islamofobia, antirracismo, estudios post-coloniales

Résumé

Cet article fait suite à une recherche menée à Montréal entre 2011 et 2015 avec des femmes et des féministes musulmanes de différents profils sociologiques. Dans un contexte où l’on parle beaucoup d’elles, mais rarement avec elles, je me suis intéressée à comprendre et à situer les mobilisations militantes des femmes et féministes musulmanes à partir de leur propre point de vue. En m’inscrivant dans une démarche féministe postcoloniale et en adoptant la perspective des chercheurs de l’entre-deux qui écrivent « contre la culture » (Abu-Lughod 1991), je propose de rendre compte des praxis qui constituent la subjectivation féministe musulmane dans le contexte québécois. Cette subjectivation se révèle par des discours complexes où il n’est pas question de choisir ni entre islam et féminisme, ni entre « Orient » et « Occident ». L’islam est vécu comme un ensemble de techniques de soi qui structure la conscience féministe musulmane et qui se traduit à travers des praxis islamiques et antiracistes. Si la plupart des répondantes s’entendent pour penser le féminisme comme une lutte pour la justice sociale, leurs orientations politiques sont plurielles et non homogènes. Cela dit, face à l’objectivation et à l’islamophobie genrée, il s’agit de voir que la subjectivation féministe musulmane articule des résistances où l’islam est vécu comme une source de soi émancipatrice.

Mots clés

Benhadjoudja, subjectivation, objectivation, femmes musulmanes, féminisme musulman, islam, islamophobie, antiracisme, études postcoloniales

Pour citer cet article

Leila Benhadjoudja, « Les femmes musulmanes peuvent-elles parler ? », Anthropologie et Sociétés, vol. 42, no 1, 2018 : 113-133

Femmes et subjectivations musulmanes
Volume 42, numéro 1
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Couverture : Femmes et subjectivations musulmanes