• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Ne pas oublier Monsieur Kurtz. L’attrait de la sauvagerie

Abstract/Resumen

Do Not Forget Mr. Kurtz. The Appeal of Savagery

Heart of Darkness by Joseph Conrad (1902) is classically interpreted as a politicallyoriented novel that denounces the imperialism of Leopold II by staging the lies of the humanitarian propaganda of civilizers that are used to cover the violence of the colonial enterprise. In this paper I illustrate how Conrad has transformed the fable constructed around Kurtz and his criminal hunting gang into a philosophical meditation, profoundly pessimistic, about the human condition. Following an anthropological reading I will argue that in his novel Conrad has presented, through the Congolese solitude, the encounter of civilizations in their very own savagery, rather than the primitivism of Africa. Literature and philosophy are presented as a necessary companion to anthropology in those moments when our discipline is confronted by limit-experiences such as savagery, cannibalism and sorcery.

Keywords: Bibeau, Conrad, Kurtz, Savagery, Human Condition

No se olviden de Kurtz. Los encantos del salvajismo

El corazón de las tinieblas de Joseph Conrad, escrito en 1902, clásicamente se ha interpretado como un libro esencialmente político que denuncia el imperialismo de Leopoldo II, al mostrar la insidiosa mentira de una propaganda humanitaria que encubre la violencia de la empresa colonial. En este artículo, el autor muestra que Conrad transformó la fábula construida en torno de Kurtz y de su banda de criminales en una meditación filosófica profundamente pesimista sobre la condición humana. La lectura antropológica que aquí se propone sostiene la idea que Conrad quiso ilustrar en su novela el encuentro de los civilizadores, en las soledades del Congo, con su propio salvajismo y no con el primitivismo de África. La literatura de cierta manera establece los límites de los textos antropológicos cuando éstos abordan situaciones extremas como el salvajismo, el canibalismo, la brujería. Y la filosofía viene asimismo a socorrer a la antropología.

Palabras clave : Bibeau, Conrad, Kurtz, salvajismo, condición humana

Résumé

Au cœur des ténèbres, de Joseph Conrad, écrit en 1902, a été classiquement interprété comme un livre éminemment politique qui dénonce l’impérialisme de Léopold II, en dévoilant l’odieux mensonge d’une propagande humanitaire qui cache la violence de l’entreprise coloniale. Dans cet article, l’auteur montre que Conrad a transformé la fable construite autour de Kurtz et de sa bande criminelle en une méditation philosophique, profondément pessimiste, sur la condition humaine. La lecture anthropologique ici proposée défend l’idée que Conrad a voulu peindre dans son roman la rencontre des civilisateurs, dans la solitude du Congo, avec leur propre sauvagerie plutôt que le primitivisme de l’Afrique. La littérature vient en quelque sorte fixer les limites des textes anthropologiques quand ils traitent de situations extrêmes comme la sauvagerie, le cannibalisme et la sorcellerie. Et la philosophie vient alors, elle aussi, au secours de l’anthropologie.

Mots clés

Bibeau, Conrad, Kurtz, sauvagerie, condition humaine

Pour citer cet article

Gilles Bibeau, « Ne pas oublier Monsieur Kurtz. L’attrait de la sauvagerie », Anthropologie et Sociétés, vol. 34, no 3, 2010 : 117-136

Psychanalyse et anthropologie. L'ébranlement d’une rencontre
Volume 34, numéro 3
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