• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Pandémie de rougeole, 1988-1992. Virus, vaccinations de masse et vulnérabilités contemporaines

Abstract/Resumen

Abstract

At the turn of the 1990s, measles swept the world. Vaccine-preventable since 1963, the “first disease” is nevertheless one of the great absentees of a pandemic century that is slow to come to an end, if not to make it the incarnation of a rampant anti-vaccinationism. Through a chronicle of the “crisis” of 1988‑1992, we will return to the process of coproduction between the infection and the technologies that protect against it. In particular, we will address the social dimension of the viral infection in order to understand why mass vaccination, at the heart of a strong eradication effort, is not enough to revent measles and even contributes to increasing health inequalities that influence its epidemiology in return. The COVID‑19 experience urges us to conduct this kind of retrospective work and to mobilize history as a discipline of public health to better understand the place of vaccination in the viral and contagious past and present. WHO documentation, scientific literature and ethnographic fieldwork will together force an “equal” approach to the spaces and actors involved, bringing together very local experiences and international policies to reveal the pitfalls of an ultratechnologized and very vertical global (public) health.

Keywords: Monnais, measles, pandemic, vaccines, immunizations, eradication, WHO, social disease, inequities

Resumen

A principios de los años 1990, el sarampión asoló al mundo. Evitable con la vacuna desde 1963, la «primera enfermedad» es sin embargo una de las grandes ausentes de un siglo pandémico que tarda en acabarse, si no es para encarnarse en una anti-vacunación galopante. A través de una crónica de la «crisis» de 1988-1992, retornaremos el proceso de coproducción entre la infección y las tecnologías de protección. Abordaremos en particular la dimensión social de la infección viral para comprender por qué la vacunación masiva, en el centro de una campaña de erradicación apoyada, no basta para evitar el sarampión e incluso contribuye al aumento de ciertas desigualdades en salud que influyen sobre su epidemiología. La experiencia de la COVID‑19 nos exhorta a realizar este tipo de trabajo retrospectivo y a movilizar la historia de la salud pública para comprender mejor el lugar de la vacunación en el pasado y el presenta viral y contagioso. Documentos de la Organización Mundial de la Salud (OMS), literatura científica y trabajo de campo etnográfico contribuirán conjuntamente a una perspectiva «a partes iguales» de los espacios y los actores para mostrar los obstáculos de una salud (pública) global ultra-tecnologizada y muy vertical.

Palabras clave: Monnais, sarampión, pandemia, vacunas, vacunaciones, erradicación, OMS, enfermedad social, desigualdades

Résumé

Au tournant des années 1990, la rougeole a balayé le monde. Évitable par la vaccination depuis 1963, la « première maladie » est pourtant une des grandes absentes d’un siècle pandémique qui tarde à s’achever, si ce n’est pour en faire l’incarnation d’un antivaccinationisme rampant. Au travers d’une chronique de la « crise » de 1988-1992, nous reviendrons sur le processus de coproduction entre l’infection et les technologies qui en protègent. Nous aborderons plus particulièrement la dimension sociale de l’infection virale pour comprendre pourquoi la vaccination de masse, au coeur d’une entreprise d’éradication appuyée, ne suffit pas à éviter la rougeole et participe même à accroître certaines inégalités en santé qui influent sur son  épidémiologie. L’expérience de la COVID‑19 nous exhorte à mener ce genre de travail rétrospectif et à mobiliser l’Histoire en discipline de santé publique pour mieux saisir la place de la vaccination dans le passé et le présent viraux et contagieux. Documentation de l’OMS, littérature scientifique et terrain ethnographique forceront ensemble une approche « à parts égales » des espaces et des acteurs concernés, faisant dialoguer les expériences très locales et les politiques internationales pour révéler les écueils d’une santé (publique) globale ultra-technologisée et très verticale.

Mots clés : Monnais, rougeole, pandémie, vaccins, vaccinations, éradication, OMS, maladie sociale, iniquités

Pour citer cet article

Laurence Monnais, « Pandémie de rougeole, 1988-1992. Virus, vaccinations de masse et vulnérabilités contemporaines », Anthropologie et Sociétés, vol. 46, no 3, 2022 : 33-51.

Épidémies et pandémies
Volume 46, numéro 3
Retour au numéro publié
Couverture 46-3