• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Pierres vivantes. Une anthropologie du vivant à hauteur de pierres

Nicolas Adell et Laurence Charlier Zeineddine

Abstract/Resumen

Abstract

In the Andes, some stones are “raised” by shepherds: when they see them in the mountains, they are in charge of taking them home, feeding them and taking care of them because these “living beings” are hungry and need attention. If these living stones do not question immediately the limits of the living area that humans manifest, they question some common processes: they are raised and nourished but do not grow. They discreetly add their mineral qualities to what it means to be alive and open the possibility of taking into account new qualities to make life. In the European context, other stones also have this ability to disturb the boundaries of the living world: “wobbly” stones defy the laws of a seemingly precarious balance, while blowing stones make their voice heard when the wind rushes through some of their cavities. In this article, the aim is to explore and extend the field of living things based on the sensitive qualities that characterize stones: duration, hardness, apparent fixity. By considering the movements that the actors, in the Andes and in Europe, lend to certain stones, we suggest a descriptive approach of the ways in which lithic mobility is perceived or felt.

Keywords: Adell, Charlier Zeineddine, living stones, anthropology of life forms, lithic beings, lithic mobility, Bolivian Andes, Europe

Resumen

En los Andes los pastores «crían» ciertas piedras: cuando las encuentran en las montañas, tienen el deber de llevarlas a sus casas, alimentarlas y cuidarlas, pues esos «seres vivos» tienen hambre y necesitan atención. Si esas piedras vivientes no ponen brutalmente en causa los límites de lo vivo que los humanos manifiestan, sí cuestionan ciertos procesos comunes: se crían y se alimentan, pero no crecen. Ellas agregan discretamente sus propiedades minerales a lo que significa estar vivo y abren la posibilidad de considerar nuevas cualidades de hacer vida. En el contexto europeo, otras piedras tienen ésta misma capacidad de asediar las fronteras del mundo de lo vivo: las piedras «tambaleantes» o «clavadas» que desafían las leyes del equilibrio mientras que las piedras «agujereadas» dejan oír su voz cuando penetra el viento por alguna de sus cavidades. En este artículo, exploramos y extendemos el campo de lo vivo a partir de las propiedades sensibles que caracterizan a las piedras: la duración, la dureza, la fijeza aparente. Mediante el seguimiento de los movimientos que los actores, en los Andes y en Europa, acuerdan a ciertas piedras, proponemos un acercamiento descriptivo de las maneras en que la movilidad lítica se percibe o se siente.

Palabras clave: Adell, Charlier Zeineddine, piedras vivas, antropología de lo vivo, seres líticos, movilidad lítica, Andes bolivianos, Europa

Résumé

Dans les Andes, certaines pierres sont « élevées » par les bergers : lorsqu’ils en aperçoivent dans la montagne, ils ont la charge de les emporter chez eux, de les nourrir et d’en prendre soin, car ces « êtres vivants » ont faim et ont besoin d’attention. Si ces pierres vivantes ne remettent pas brutalement en cause les limites du vivant que les humains manifestent, elles remettent en question certains processus communs : elles sont élevées et nourries, mais ne grandissent pas. Elles ajoutent discrètement leurs propriétés minérales à ce qu’être vivant veut dire et ouvrent la possibilité de prendre en compte de nouvelles qualités pour faire la vie. En contexte européen, d’autres pierres ont également cette capacité à inquiéter les frontières du monde vivant : les pierres « branlantes » ou « clouées » défient ainsi les lois d’un équilibre qui semble précaire tandis que les pierres « percées » font entendre leur voix lorsque s’engouffre le vent par quelques-unes de leurs cavités. Dans cet article, il s’agit d’explorer et d’étendre le champ du vivant à partir des propriétés sensibles qui caractérisent les pierres : la durée, la dureté, la fixité apparente. En rendant compte des mouvements que les acteurs, dans les Andes et en Europe, prêtent à certaines pierres, il est proposé une approche descriptive des manières dont est perçue ou ressentie la mobilité lithique.

Mots clés : Adell, Charlier Zeineddine, pierres vivantes, anthropologie du vivant, êtres lithiques, mobilité lithique, Andes boliviennes, Europe

Pour citer cet article

Nicolas Adell et Laurence Charlier Zeineddine, « Pierres vivantes. Une anthropologie du vivant à hauteur de pierres », Anthropologie et Sociétés, vol. 46, no 3, 2022 : 197-217.

Épidémies et pandémies
Volume 46, numéro 3
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Couverture 46-3