• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Pourquoi lire Lévi-Strauss aujourd’hui? Quelques réflexions à l’usage des jeunes étudiants

Abstract/Resumen

Conférence.

Conferencia.

Résumé

La lecture de tels textes ne peut que nous rendre perplexes. Comment avons-nous pu nous enflammer pour de telles sornettes? Si l’on s’en tient à de tels extraits, il n’est pas très difficile de dénigrer l’œuvre de celui qui fut longtemps considéré comme un maître et réduire à rien l’intérêt de sa pensée. La tentation est d’autant plus grande que cette citation n’est pas tout à fait atypique. Le triangle culinaire fut, à l’époque, pris très au sérieux et put, par certains aspects, être considéré comme un modèle du genre. L’époque était à l’abstraction. Je me revois arpenter les cafés avec la drôle d’édition cartonnée de l’Anthropologie structurale sous le bras. Je me revois aussi dans une gargote de Katmandou débattre avec d’autres routards afin de savoir si les hommes échangent aussi des femmes, ainsi qu’il est dit dans Les structures élémentaires de la parenté. Nous n’avions peut-être pas l’impression de refaire le monde, mais à tout le moins de le réduire à quelques oppositions binaires. On voyait du cru et du cuit, du haut et du bas, de l’est et de l’ouest dans n’importe quel poème. Nous découvrions que le sauvage était non seulement bon mais qu’en plus il était intelligent, en vérité lui aussi était un penseur. Un vrai. Quasiment l’égal des philosophes. Il était non seulement notre frère, mais il pouvait de surcroît nous guider sur les chemins de l’entendement, car derrière l’allégorie de ses mythes se cachait une pensée profonde au cartésianisme sidérant. Nous étions médusés, c’est-à-dire tombés sous les charmes d’une entreprise intellectuelle envoûtante. Le structuralisme de...

Pour citer cet article

Robert Deliège, « Pourquoi lire Lévi-Strauss aujourd’hui? Quelques réflexions à l’usage des jeunes étudiants », Anthropologie et Sociétés, vol. 28, no 1, 2004 : 145-155

La (dé)politisation de la culture ?
Volume 28, numéro 1
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La (dé)politisation de la culture?