• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Robes colorées et cornes déformées. Les pasteurs est-africains et leurs boeufs de parade

Abstract/Resumen

Colored Dresses and out of Shape Homs. East African Herdsmen and Their Display Oxen

In various agropastoral groups of thé Southern Sudan (Nuer. Dinka. etc.) young men used to "identify" with display-oxen. The phenomenon has been described mostly as a feature of given cultural Systems. A comparative analysis is useful in identifying thé enduring components of this transcultural complex. For instance, a beast was selected on account of one's taste for a spécifie color pattem. Between them. thé adult mâles of a community covered thé wide spectrum of cattle colors. The training of thé noms maimed thé offensive apparatus of an already castrated animal, thus widening thé gap between thé ox and thé bull. which is known for ils agressiveness and sexual potency. Since they used for thé most part to dévote themselves to protecting thé herds and warfare. thé young men were to women what oxen were to cows. A display-ox was a most remarkable bovine spécimen given thé extra care afforded to it. Ils master praised its beauty and mightiness. Through this. he was in fact extolling his own youth. physical strength and personality. Ail favorite oxen were doomed to be slaughtered. As they came out of periodic méat festivals, thé warriors were taken to be as magnificient as display-oxen. Evans-Pritchard was perplexed by such feasts. Clearly thèse were at variance with thé religious rôle he emphasised for cattle. Such secular méat feasts seem to throw new light on thé also exclusively mâle sacrifîcial rituals held by thé elders.

Key words : Hazel. ox. virility. pastoralism. symbolic Systems. East Africa

Résumé

Chez nombre d'ethnies agropastorales du sud du Soudan, dont les Nuer et Dinka. tout jeune homme s'identifiait à un « bœuf de parade ». Le phénomène a intrigué divers ethnologues qui l'ont vu. avant tout, comme un aspect d'un système culturel déterminé. L'approche comparative a le mérite de faire ressortir les composantes, pour ainsi dire, transculturelles du phénomène. Par exemple, on choisissait un animal en fonction de la couleur de sa robe. La couleur était un levier si puissant de différenciation sociale que l'ensemble des hommes d'une communauté reproduisait la palette complète des couleurs bovines. En neutralisant le dispositif d'agression d'un bovin par ailleurs déjà castré, la déformation des cornes venait élargir l'écart entre le bœuf et le taureau, agressif et reproducteur. Comme ils se consacraient, pour l'essentiel, à l'élevage et à la guerre, les jeunes hommes étaient aux femmes ce que les bœufs étaient aux vaches. Le bœuf favori était le plus magnifique des bovins en raison notamment des soins auxquels il avait droit. En chantant ses louanges, son maître célébrait en vérité sa propre jeunesse, sa force physique et sa personnalité. Tous les bœufs favoris faisaient les frais de festins dont les guerriers sortaient aussi majestueux que des bœufs de parade. Evans-Pritchard s'expliquait mal ces agapes, lui qui insistait sur le rôle quasi sacré du bétail. Ces festins profanes n'en jettent pas moins un nouvel éclairage sur les rites sacrificiels, eux aussi exclusivement masculins, des hommes mariés.

Mots clés

Hazel. bœuf, virilité, pastoralisme. systèmes symboliques. Afrique de l'Est

Pour citer cet article

Hazel, Robert. « Robes colorées et cornes déformées : les pasteurs est-africains et leurs boeufs de parade. » Anthropologie et Sociétés, volume 21, numéro 2-3, 1997, p. 67–85. 

Comparaisons régionales
Volume 21, numéro 2
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