Abstract/Resumen
Thirty Years of Health and Childhood Anthropologies in West Africa. Interview With Yannick Jaffré
Treinta años de antropología de la salud y de la infancia en África occidental. Entrevista con Yannick Jaffré
Résumé
Abdoulaye Guindo — Yannick Jaffré, comment en êtes-vous venu à étudier l’anthropologie de la santé en Afrique de l’Ouest ?
Yannick Jaffré — En fait, je pratiquais la psychanalyse dans une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dirigée par la docteure Ginette Raimbault, où nous prenions en charge des enfants malades. Je travaillais notamment dans un service de réanimation digestive où, bien sûr, les enfants évoquaient des questions autour de la bouche, et les liens entre parler et manger, voire le refus de se nourrir, rappelaient le fait de « manger ses mots », etc. C’est dans ce cadre, en cherchant des textes qui me permettraient de comprendre ce qui se passait avec ces enfants, que je suis tombé un jour, un peu par hasard, sur le livre de Geneviève Calame-Griaule (1965) sur les Dogons qui s’intitulait Ethnologie et langage. Dans ce livre, elle parlait notamment de la physiologie de la parole, des paroles « sèches » de colère ou des dents qui tissaient la parole du monde. J’ai ainsi découvert tout un monde culturel et poétique que je ne soupçonnais pas. C’est pourquoi, après l’avoir lu, je suis allé la voir à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Et je lui ai dit que les enfants que je suivais en psychothérapie disaient, un peu d’une certaine manière, les mêmes choses que les Dogons, sur les langues, les dents, la parole. Mais que je ne savais pas quoi penser de tout cela. Elle m’a répondu en me disant...
Pour citer cet article
Yannick Jaffré et Abdoulaye Guindo, "Trente ans d’anthropologie de la santé et de l’enfance en Afrique de l’Ouest. Entretien avec Yannick Jaffré", Anthropologie et Sociétés, vol. 45, no 1-2, 2021 : 327-339