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L'oeil, le poison magique et le talisman. Cause et sens en pratique ethnopsychanalytique

Abstract/Resumen

Eye, Magical Poison and Talisman. Cause and Meaning in Ethnopsychoanalytical Practice

Is it possible for patients coming from non-western cultures to undergo psychotherapy and what are the technical compromises that must ensue ? The author hère présents the guiding principles of his clinical work in ethnopsychiatry : 1) in the language of the patient, 2) in a group of professionals, 3) this group having to be multi-ethnic and multi-lingual. In order to illustrate his method of work, the author présents a detailed analysis of a psychotherapy session with an eighteen months old girl suffering from daily bouts of sobbing and spasms which can last up to one hour each time. The child is accompanied by her mother, a young arabic speaking woman from Algeria.

It becomes clear from the clinical analysis that the patient does not react to the content of the « interprétation » or to its hypothetical « truth » but rather in most cases to the theoretical connotations that such an interprétation carries as a departure either to oppose or to illustrate. In addition to « emphaty » the author poses the hypothesis that the therapeutic effects of the ethnopsychoanalytical framework stem from the feeling of being understood in one's own language as well as the possibility ofevoking or evenrelievingone's « nostalgia ». The spécifie capacity to fragment the patient's représentation is made possible by the availability of a multitude of étiologies and enables one to propose a new method of organizing éléments brought up during the therapeutic process.

Résumé

Est-il possible d'entreprendre une véritable psychotherapie avec des patients provenant de cultures non occidentales ? Au prix de quels aménagements de la technique ? L'auteur présente ici les principes qui régissent son travail clinique en ethnopsychiatrie : 1) dans la langue du patient, 2) en groupe de professionnels, 3) ce groupe devant être pluriethnique et plurilinguistique. Pour illustrer sa méthode de travail, il donne l'analyse détaillée d'une séance de psychotherapie d'une fillette de dix-huit mois souffrant de crises quotidiennes de sanglots et de spasmes pouvant durer plus d'une heure chacune. L'enfant est accompagnée de sa mère, jeune femme, arabophone, originaire d'Algérie.

Il ressort de l'analyse clinique que la patiente ne réagit pas au contenu de « l'interprétation » et à son hypothetique « vérité » mais la plupart du temps aux implicites theoriques qu'elle véhicule, soit pour leur en opposer d'autres, soit pour les illustrer. L'auteur propose l'hypothèse selon laquelle l'effet therapeutique du dispositif ethnopsychanalytique proviendrait, outre de « l'empathie », de la sensation d'« être compris dans sa langue », de la possibilité d'évoquer, même de revivre sa « nostalgie », d'une capacité spécifique de fragmenter la représentation du patient, par l'effet de la multiplicité des étiologies mises en présence, et de proposer une réorganisation d'un nouveau type des éléments apparus.

Pour citer cet article

Nathan, Tobie. « L'oeil, le poison magique et le talisman. Cause et sens en pratique ethnopsychanalytique. » Anthropologie et Sociétés, volume 17, numéro 1-2, 1993, p. 99–124.

Folies/ Espaces de sens
Volume 17, numéro 1
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