• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Islam

De la « complicité » des imams dans la promotion de l’équité de genre à Mumbai, en Inde

Les imams pourraient-ils, sans compromettre leur islamité, se faire les complicespromoteurs de l’équité de genre dans leur communauté et, si oui, comment et à quelles conditions ? C’est ici la question de fond que les auteurs taquinent dans cet article. À l’aide d’une méthode mixte, qualitative et quantitative, nous explorons cette (im)possible « complicité » à Mumbai, en Inde. Il s’agit de l’un des volets d’un programme de recherche plus large portant sur la santé sexuelle et les comportements sexuels à risque dans des quartiers pauvres de Mumbai.

Prêcheuses arabisantes à Dakar et à Ouagadougou. Des logiques d’individualisation et d’individuation

À partir d’une série de terrains ethnographiques menés Dakar et à Ouagadougou, les logiques d’ascension spirituelle de différentes générations de femmes prêcheuses et les usages sociaux qu’elles font des moyens de communication sont examinés. L’article montre que leur ascension résulte du lien au communautaire. Bien que la logique d’individuation soit mise en exergue, des signes de mise en avant de leur individualité, sans se départir du communautaire, permettent de rendre compte d’un subtil processus d’hybridation entre individualisation et individuation.

Comment réaliser la piété dans l’immanence ? Exercices de (re)composition de modèles sociaux et éthiques d’intellectuelles engagées et converties à l’islam

Notre terrain ethnographique mené en France et au Québec auprès de femmes entrées dans l’islam a mis en évidence la centralité du travail sur le soi (djihad an-nafs) dans le processus de conversion. Si cette herméneutique du soi correspond à une lecture théologique de l’être musulman et de sa formation, ces exercices de composition du sujet s’opèrent également à l’intersection de deux systèmes culturels et sociaux en tension, celui d’origine et celui choisi. Comment les femmes rencontrées s’approprient-elles ces deux univers de sens et de normes ?

Les femmes musulmanes peuvent-elles parler ?

Cet article fait suite à une recherche menée à Montréal entre 2011 et 2015 avec des femmes et des féministes musulmanes de différents profils sociologiques. Dans un contexte où l’on parle beaucoup d’elles, mais rarement avec elles, je me suis intéressée à comprendre et à situer les mobilisations militantes des femmes et féministes musulmanes à partir de leur propre point de vue.

Islamité et féminin pluriel

Cet article a pour objectif de fournir des éléments qui permettent de comprendre qu'aujourd'hui des femmes, en s'exhibant dans la tenue islamique, en portant le hijab, illustrent la radicalité de l'entrée dans la modernité politique d'un pays comme l'Algérie. Il tente de montrer l'équilibre - tout aussi fragile que nécessaire - entre le religieux et le féminin en dégageant deux ordres de perspective : l'interpellation de l'être de sexe féminin en tant que " femme " et la domination-exclusion de la " femme " requise pour fonder la représentation de l'unicité divine.

Deux récits de l’anthropologie de l’Islam

Dans un ouvrage ancien intitulé The Idea of an Anthropology of Islam, Talal Asad (1968) remarque que la littérature anthropologique sur l’islam, malgré sa diversité d’approche, considère celui-ci soit comme l’ensemble des pratiques et croyances propres aux musulmans, soit comme « une totalité historique » régissant plusieurs aspects de la vie sociale. Ces études anthropologiques soutiennent que l’islam crée une structure sociale au lieu de considérer qu’il est affecté par elle.

Un regard aveuglé. Anticléricalisme par excès d'humanisme universaliste en Algérie

II s'agit ici de réfléchir sur l'extrême difficulté, qui semble particulière au champ français, à penser l'islam, depuis sa rencontre en Algérie, au début du XIXe siècle. L'hypothèse centrale de cette confrontation est que le statut singulier de la religion en France depuis la Révolution française, plus précisément les liens très complexes que la naissance des sciences sociales au XIXe siècle entretient avec elle, obscurcit la vision de l'islam depuis ce moment et jusqu'à aujourd'hui.

La confrontation par les langues

La réponse aux grandes questions que se pose l'homme - d'où vient-il ? Où va-t-il ? Comment l'un naît-il de deux ? - constitue le système symbolique d'une société et se transmet de génération en génération par les langues. La multiplicité des langues en Algérie exprime la richesse des identités. Mais l'autoritarisme du pouvoir ou le sectarisme du dogme peuvent transformer une langue de vie en langue de bois. Pour l'instant, les langues sont vivantes, mais leur dialogue ne peut s'opérer par manque d'un centre de légitimité. La parole se tait et la violence s'installe.