Jean-Luc Bonniol. Livre 2. L’histoire des sociétés créoles des Antilles françaises
Dans le domaine de la recherche sur l’ethnicité, la notoriété de Fredrik Barth n’est plus à faire. La reconnaissance qu’on lui témoigne à travers le monde depuis une cinquantaine d’années paraît inaltérable. Elle ne porte toutefois que sur quelques aspects très ciblés de son travail qui s’est finalement cristallisé autour de la notion de frontières (1969). Il est probable qu’une perspective aussi étroite ait contribué non seulement à une réduction de la pensée de Barth, mais aussi à la perte d’une certaine densité de la pensée constructiviste dans l’étude de l’ethnicité.
Basé sur un travail doctoral mené entre 2004 et 2007 auprès de 54 personnes en couple dit « mixte » (« métropolitain »-« polynésien ») à Tahiti et à Moorea, cet article propose une analyse des usages sociaux de la catégorie de métissage : « demi ». La Polynésie française étant lieu de métissages transcontinentaux depuis 200 ans, Michel Panoff (1989) avait estimé qu’il n’existerait plus de Polynésiens non-métissés de fait. D’autres auteurs affirment que les « Demis » ne constituent qu’une classe sociale (Rallu et al. 1997).
Cet article propose un approfondissement de la notion d’ethnicité à partir de ses définitions et usages dans le champ universitaire international ainsi que de sa mise en jeu dans les questions contemporaines de reconnaissance et de justice sociale. Il explore la réception et la charge encore négatives du concept d’ethnicité dans la production française en sciences sociales et dans les débats animant la société civile.