Jean Benoist. Livre 10. Villèle à La Réunion : une société modèle de la plantation et un espace ...
Initialement déserte lors de son peuplement à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, l’Île de La Réunion a été peuplée de Français, de Malgaches puis d’Indiens, d’hommes (les femmes étant particulièrement minoritaires) originaires d’Afrique de l’Est, d’Asie, et même, pour quelques-uns d’entre eux, d’Australie et de Polynésie. Durant les premières années d’occupation de l’Île, les mariages entre individus d’origines différentes étaient tolérés « pourvus que ceux-ci fussent baptisés ».
La glossolalie est considérée comme le prototype des éléments, aussi mystérieux qu’irrationnels, garantissant la fascination des croyants pour les cultes pentecôtistes-charismatiques. Cependant, nos observations sur le terrain réunionnais nous conduisent à nuancer cette représentation : au-delà du caractère apparemment anarchique de ce phénomène, des normes et des codes lui sont associés. Nous souhaitons donc montrer l’influence jouée par le contexte religieux et organisationnel sur ces expériences extatiques individuelles.
La créolisation est le fruit des situations d’acculturation qui caractérisent certaines sociétés formées avec la colonisation, donnant naissance à des configurations socioanthropologiques singulières, tant sur le plan des productions matérielles et immatérielles que sur celui des formes de vivre-ensemble. Dans ces processus, l’alimentation joue un rôle majeur en tant que support de construction et d’expression identitaires.