• Anthropologie et Sociétés - Fondée en 1977

Quand la coutume fait Loi. Du terrain anthropologique inuit au rôle de témoin-expert devant les instances juridiques

Bernard Saladin d'Anglure

Abstract/Resumen

When Custom Is Law
From Anthropological Fieldwork among the Inuit to the Role of Expert Witness in Court

This text chronicles some of the author’s intercultural involvement as an expert witness to help Inuit defend their rights in court.This involvement has resulted from his work with them (1956-2016) as an ethnographer, social anthropologist, and friend. Such experiences have made him understand that some traditional Inuit practices, like confession, testimony, arbitration, nature of punishment, making amends, or notions like those of person, family, adoption, and responsibility, did not have the same meaning in a society of hunter-gatherers with oral tradition as they do in a Western society with colonial heritage, like Canada, with its legislation and case law. At a time when communications and the economy are being globalized, Inuit cultures are going through profound changes. The logic of the included middle, which underlies ancient Inuit social cosmology, aimed for social harmony rather than punishment, and complementarity rather than antagonism. It is hardly compatible with Western law, which purports to be universal with its binary logic of the excluded middle (truth/falsehood, guiltiness/innocence, incarceration/community rehabilitation). Some enlightened jurists are trying to build bridges between Aboriginal cultures and our own to come to a "living together" that would be acceptable to everyone. Let us hope that they will soon be joined in this effort by many of the small numbers of Inuit jurists – judges, lawyers, or teachers trained in law school.

Keywords: Saladin d’Anglure, Inuit, Customary Law, Harmony, Confession, Included Middle

Cuando la costumbre es ley
Del terreno antropológico inuit al rol del testigo-experto ante las instancias jurídicas

Este texto es una crónica anecdótica e intercultural de la implicación del autor como testigo-experto ante instancias jurídicas en donde los Inuit defendían sus derechos. Es el resultado de su colaboración con ellos (1956-2016), como etnógrafo, antropólogo social y como amigo. Esta experiencia le permite comprender que las prácticas inuit tradicionales como la confesión, el testimonio, el arbitraje, la naturaleza de las penas, la reparación, o de nociones como las de persona, familia, adopción, responsabilidad, no tenían el mismo significado en una sociedad de cazadores-pescadores de tradición oral, que en un sociedad occidental y colonial como Canadá con sus texto de leyes y de jurisprudencia. En la era de la mundialización de las comunicaciones y de la economía, las culturas inuit están sometidas a profundos cambios. La lógica del tercero incluido que sustenta la antigua socio-cosmología inuit, buscaba la armonio social más que el castigo, la complementariedad mas que el antagonismo. Visión poco compatible con el derecho occidental que se percibe como universal con su lógica binaria del tercero excluido (verdad/falsedad, culpabilidad/inocencia, encarcelación/acompañamiento). Los juristas ilustrados buscan establecer puentes entre las culturas autóctonas y la nuestra con el fin de llegar a un « vivir-juntos » aceptable para todos; esperemos que los raros juristas inuit, jueces, abogados, o los maestros con formación legal, se les unan numerosos en ese esfuerzo.

Palabras clave : Saladin d’Anglure, Inuit, derecho consuetudinario, armonía, confesión, tercero incluido

Résumé

Ce texte est une chronique anecdotique et interculturelle de l’implication de l’auteur comme témoin-expert auprès d’instances juridiques où les Inuit défendaient leurs droits. Elle résulte de sa collaboration avec eux (1956-2016), comme ethnographe, anthropologue social et comme ami. Cette expérience lui a fait comprendre que des pratiques inuit traditionnelles comme l’aveu, le témoignage, l’arbitrage, la nature des peines, la réparation, ou des notions comme celles de personne, de famille, d’adoption, de responsabilité, n’avaient pas le même sens dans une société de chasseurs-pêcheurs à tradition orale que dans une société occidentale et coloniale comme le Canada avec ses textes de lois et de jurisprudence. À l’ère de la mondialisation des communications et de l’économie, les cultures inuit sont soumises à de profonds changements. La logique du tiers-inclus qui sous-tend l’ancienne socio-cosmologie inuit recherchait l’harmonie sociale plus que la sanction, la complémentarité plus que l’antagonisme. Elle est peu compatible avec le droit occidental qui se veut universel avec sa logique binaire du tiers-exclus (vérité/fausseté, culpabilité/innocence, incarcération/ accompagnement). Des juristes éclairés cherchent à établir des ponts entre les cultures autochtones et la nôtre pour arriver à un « vivre ensemble » acceptable pour tous; espérons que les rares juristes inuit, juges, avocats, ou les enseignants formés au droit les rejoindront bientôt nombreux dans cet effort.

Mots clés

Saladin d’Anglure, Inuit, droit coutumier, harmonie, aveu, tiers-inclus

Pour citer cet article

Bernard Saladin d'Anglure, « Quand la coutume fait Loi. Du terrain anthropologique inuit au rôle de témoin-expert devant les instances juridiques », Anthropologie et Sociétés, vol. 40, no 2, 2016 : 131-154

Pluralismes juridiques et interculturalités
Volume 40, numéro 2
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